Seconde Guerre Mondiale
 Soldats allemands emmenant un prisonnier américain
 


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Rapport d'évasion du Capitaine Moses J. Gatewood (matricule O-743752)
 

Le Capitaine Moses J. Gatewood a pris part au bombardement par l'armée de l'air américaine du pont ferroviaire entre Sartrouville et Maisons-Laffitte le 24 juin 1944. Son avion (un bombardier B-26 baptisé "Mama Liz") a été abattu  par la flak et s'est écrasé à Flexanville (Yvelines).

 

L'histoire ci-dessous est la compilation de ce qu'il a raconté après son retour à Londres le 17 Août 1944 et de ce qu'il a raconté plus tard et qui est disponible sur le site B26.com:

  Bombardier B-26 Mama Liz
Photo du "Mama Liz", l'avion qui était piloté par le Capitaine Gatewood le 24 juin 1944- 'Franklin Allen Collection, via Brian Gibbons'

 

 

 

"Alors que nous nous trouvions près de la cible, la DCA a blessé le copilote et a mis à mal toutes nos commandes sauf le gouvernail de profondeur. L’avion est parti en piqué et lorsque je l’ai redressé à l’aide des compensateurs, la DCA nous a touché à nouveau et a détruit le moteur droit. Lorsque nous sommes tombés à 3000 pieds, nous avons sauté de l’avion. J’ai quitté l’avion par la porte de la roue avant. Lorsque mon parachute s’est ouvert, j’ai compté 5 parachutes et j’ai vu notre avion s’écraser dans un bois et exploser.

J’ai atterris dans un verger de pommiers, j’ai ramassé mon parachute et ma veste et j’ai couru jusqu’à une route ou se tenait une française, silencieuse devant sa bicyclette. Bien que fort confus, je suis parvenu à lui demandé en français: "Est il possible, pour vous m'aider". Elle s’est alors mise à se lamenter en français que j’étais un pauvre garçon et m’a demandé si j’étais blessé. Quelque peu inquiet, je lui ai dit “non” et je lui ai demandé “Cacher, cacher?"

Juste à ce moment-là, un ouvrier agricole a couru vers nous en criant “Les allemands”. J’ai sauté dans un roncier. Trois motos allemandes et une voiture sont passées devant l’endroit où je me cachais et il me semble avoir reconnu les membres de mon équipage dans la voiture. J’ai passé la nuit à dormir dans les ronces. Le jour suivant (dimanche), il y avait beaucoup de trafic sur la route et j’ai attendu jusqu’à 14.00 en espérant que mes sauveteurs de la veille reviendraient. Ensuite, comme personne n’est venu, j’ai rampé à travers un champ jusqu’à un bois et là j’ai trouvé un ruisseau que j’ai suivi sur 6 kilomètres en direction de Flexanville. J’étais près d’un village et j’ai vu une paysanne (65 ans) et je me suis présenté à elle. Elle avait très peur alors je suis parti rapidement et j’ai contourné la localité par un bois. Pendant deux jours, j’ai erré dans les bois demandant de l’aide à des civils, retournant en courant sur mes pas après qu’ils aient refusé. Cela m’est arrivé une douzaine de fois. Me sentant désespéré, j’ai alors marché sur la route. Dans les bois, j’ai approché une jeune femme, un homme (Pierre) et un enfant. Ils m’ont emmené à leur maison et m’ont donné de la nourriture et des vêtements. Il y avait un homme qui s’appelait Jacques (cheveux foncés) à qui j’ai donné mon pistolet. Ensuite, ils ont entendu que les allemands m’avaient vu. Je me suis donc caché dans les bois pendant une demi-heure. Ensuite, le jeune homme et la jeune femme m’ont emmené à la maison d’un docteur à Flexanville. J’ai passé la nuit dans sa maison. Le lendemain matin, Pierre m’a emmené à travers champs jusqu’à une grande ferme près de Orgerus à 3 km au SO de Flexanville. Mme Benoit et sa fille de 21 ans m’ont gardé pendant 3 jours, m’ont donné de nouveaux vêtements et m’ont laissé rester chez elles. J’ai rencontré un homme qui était cinéaste et qui se cachait.

Pierre m’a dit que tout mon équipage avait été fait prisonnier et que l’un d’eux s’était cassé une jambe en atterrissant.

Mme Benoit et sa fille m’ont conduit à Orege dans la maison de Mme Benoit. Là un couple (Mr et Mme Violette). (Mr Violette, ancien gouverneur d’Alger et ancien maire de Dreux) se cachaient là. Je suis resté là pendant 4 jours.

Ensuite une voiture est venue avec 5 hommes à son bord. L’un d’eux est Jean Varron (né à Strasbourg) et un autre un colonel belge dont le beau-frère est le capitaine anglais Maurice Fitzgerald, Royal Hospital, Chelsea. Il y avait aussi Arthur, appelé le chef. Jean Varron m’a dit qu’il me ferait quitter la France en sous-marin.

Le jour suivant, il est revenu en voiture et m’a emmené à Paris en suivant des routes empruntées par des convois allemands qui se dirigeaient vers le front. Ils m’ont emmené à un appartement près de la Physical Educational Academy of Paris (Ndlr : en anglais dans le rapport d’évasion ; Académie d’Education Physique de Paris ???). Ils m’ont laissé dans cet appartement en compagnie d’un homme dénommé Georges. Le deuxième jour, un grand suisse, partiellement chauve, expert en sciences sociales et économiques est venu me voir.

Ils m’ont dit qu’ils étaient ce qui restait de l’ancien QG du deuxième bureau. J’ai rencontré un vieux colonel avec des cheveux blancs dont la femme a été emprisonnée en Allemagne. Actuellement, ils sont en contact avec Alger mais cela prend beaucoup de temps pour faire passer les messages. Ils travaillent avec de Gaulle mais voudraient pouvoir communiquer directement avec les américains à Londres.

Ils voulaient que je fasse sortir un code d’encryptage.

Je suis resté deux semaines dans leur appartement. Entre temps, Jean était parti en Bretagne pour 10 jours. Ensuite, il est revenu avec une voiture et m’a emmené à l’hôtel Lancaster, 7 rue de Berry (près des Champs Elysées). Là, on a emmené une jolie brune enregistrée sous le nom de Mme de Nouault, en réalité la femme de Jean (Pat) et nous avons embarqué beaucoup de bagages. Nous avons rencontré Richard (un alsacien). Jean avait un laissez-passer en tant qu’agent de la Gestapo l’autorisant à faire l’aller et retour entre Paris et Marseille. Il avait également un passeport allemand donnant l’ordre à tout allemand de lui apporter son aide.

Nous avons roulé jusqu’à Sens et nous avons passé la nuit et la journée suivante dans un hôtel. Nous devions attendre que la voiture soit réparée. Nous avons quitté Sens en fin d’après-midi.

A St Florentin (SE de Sens), il y avait des contrôles à l’entrée de la ville, en pleine ville et la sortie de la ville. Sur la RN5 juste à l’est de St Florentin (qui se trouve à 25km NNE de Auxerre), se trouve un pont ferroviaire. Sur la droite de la route lorsqu’on se dirige vers l’est, il y a un bâtiment en béton rectangulaire de trois étages avec des murs épais et d’une longueur de 25 yards (22m). Ce bâtiment est entouré de gros câbles et couvert par un filet de camouflage. L’enceinte est fortement gardée. Un train camouflé se trouvait dans l’enceinte au moment de l’observation (Observation début juillet 1944).

Nous nous sommes rendus à Autrenne, un petit village. Nous nous sommes arrêtés chez des amis pour dîner. Ensuite, nous sommes partis à Dijon. A Dijon, il y avait plus de mouvements de troupes que je n’en ai vus dans une aucune autre ville. Là nous nous sommes rendus au garage militaire allemand pour faire réparer la voiture. Ensuite, nous sommes partis à destination de Chalon sur Saône. Nous avons dormi au Grand Hôtel (le commandant allemand de la ville résidait là). Le jour suivant, le major allemand de la localité nous a placés dans un convoi avec deux camions militaires et une voiture, et ainsi escorté, nous sommes partis à Lyons. A Lyons, nous avons passés 2 jours dans une pension de famille (Russes (fille nommée Xenia) faisant partie de l’organisation). Ensuite, nous sommes partis en direction de Marseille. Importants contrôles allemands tous les 10 miles entre Lyons et Marseille.

On m’a aussi demandé d’apporter une valise contenant une radio dans les chambres d’hôtel où nous restions et je restais assis très inquiets pendant que les français utilisaient la radio. Cette radio, ce code d’encryptage et le fait de passer nos nuits dans des hôtels allemands me tapaient sur le système et le paroxysme a été atteint lorsque nous sommes arrivés à Avignon et que nous avons été pris dans échange de coups de feu entre le maquis et les allemands. Je suis resté caché sous la voiture pendant que les balles sifflaient. Lorsque les combats ont cessé, mes amis sont retournés vers les SS et après de longues discussions en allemand, nous avons été emmené devant le capitaine SS de la ville. J’ai parlé en français avec lui pendant 10 minutes, lui expliquant que j’étais un collaborateur et que je voyageais avec mes amis allemands et que j’avais oublié mes papiers à Lyon dans une autre unité.

Nous sommes arrivés à Avignon vers 10.00 du soir. Nous sommes arrivés à Marseille tard dans la nuit et nous sommes restés 3 jours dans un hôtel.

Là nous avons rencontré Bastien, un algérien (ndlr: à l’époque le terme “algérien” désignait exclusivement les français d’Algérie, le terme “pieds-noirs” est apparu dans les années 1950), un gangster marseillais qui travaillait comme homme de main pour Jean. Le plan d’évasion par sous-marin était tombé à l’eau.

(Fusils de 88 mm sur les hauteurs camouflés dans des niches dans le granite au nord de Marseille. Vedettes militaires dans le Vieux Port et de nombreux allemands cantonnés sur le Quai de Vieux Port; le Commandant réside au Fort St Jean. Les officiers de hauts rangs résident au Grand Hôtel. Personne ne peut se rendre au-delà du Quai de la Tourette)

Le pont à Arles est encore ouvert mais fortement gardé. Tous le long de la route de Salon vers Arles, les vignes sont minées.

Nous avons repris la route en direction de Montpellier, puis Narbonne, puis Perpignan. Perpignan est plein de Gestapo. Deux jours à l’hôtel à Perpignan. Là nous avons rencontré François (5 pieds 8 pouces, devenant chauve, cheveux bruns tirant sur le blond, je suppose dans les 35 à 40 ans, petite moustache). A Perpignan, j’ai en outre posé mes bottes d’aviateur devant deux officiers allemands alors que nous faisions la queue pour remettre nos vêtements avant d’aller nager. Je me suis baissé pour les ramasser et les allemands n’ont apparemment rien remarqué. Ensuite, nous sommes partis pour Font Romeu où nous sommes restés à Regina et où nous avons mangé au Casino Hôtel (Famille Brieuteux, des amis des Jean (lui violoniste; elle, apparentée à la famille princière de Monaco). Le jour suivant, Jean, Richard et François sont parti en Espagne et sont revenus. Ensuite, Jean a emmené sa femme en Espagne et a pris une lettre que je lui ai remis à l’attention du consul américain. Il m’a ramené une lettre disant que je devais donner le code à un messager (Giou). Après que Jean ait effectué quelques vérifications, j’ai remis le code à Giou.

Le 7 Août, Jean, Pat, Richard, Mr Olivier et moi avons roulé jusqu’à la frontière espagnole. Nous avons déposé Olivier à UR. De là, nous avons traversé Puigcerda à pied et rencontré un homme (un agent de nos service secret). Ensuite, cet homme, Pat et moi avons traversé le pont en passant devant des sentinelles allemandes à qui nous avons fait le salut hitlérien et à qui l’homme a murmuré quelque chose. Après avoir traversé le pont et après que nous nous trouvions hors de la vue des sentinelles allemandes,  cet homme a pris congé de nous. Pat et moi avons poursuivi notre chemin et avons retrouvé Jean et Richard qui avaient traversé la frontière à Bourg Madame. Ensuite, ils m’ont dit d’aller à un hôtel et de me rendre à un colonel de la police espagnole. Ce que je fis. J’ai ensuite vu un délégué français de la croix rouge. Je suis resté à l’hôtel. (Le jour suivant, j’ai vu Jean et François à l’hôtel). Mr Abtaix m’a été donné comme référence qui connait Jean en tant que HM. Le jour suivant, Mr Forsythe est venu et m’a emmené à Lerida. Là, on m’a donné de nouveaux vêtements et j’ai rencontré Lt Distoroughs, FO Champs et Campbell et ensuite, nous sommes allés à Zaragoza et ensuite à Tuleda. Forsythe nous a quittés. Après deux jours et demi, je suis reparti à Zaragoza et ensuite Alhama ou le colonel Spillman m’attendait pour m’emmener à Madrid. J’ai ensuite été interrogé par les services secrets américains (OSS) et je leur ai raconté toute l’histoire. Ils m’ont dit que je devais rencontrer quelqu’un de l’OSS à Londres.

J’ai ensuite rejoint Gibraltar le 14 Aout. J’ai quitté Gibraltar le 16 et je suis arrivé à Londres le 17 Août"

 

 

 

 

Sources:

 

Rapport d'évasion: http://media.nara.gov/nw/305270/EE-1035.pdf

http://www.b26.com/marauderman/moses_gatewood.htm

 

 

Informations complémentaires:

 

http://www.francecrashes39-45.net/page_fiche_av.php?id=3424

 

 
     

 

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